UFC-QUE CHOISIR DU DOUBS - T.BELFORT

Qualité des eaux du robinet, baignades, piscines (2023 – Franche-Comté)

Nous mettons en œuvre des programmes de contrôle portant sur des paramètres microbiologiques, physico-chimiques ou radiologiques afin de s’assurer que les eaux sont conformes aux exigences de qualité réglementaires et ne présentent pas de risque pour la santé des consommateurs.
Retrouvez ci-dessous les interdictions de consommation de l’eau en cours dans notre région.

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28 septembre 2018

Un effet buffle

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Elle a détrôné l’œuf mayo sur la carte des restos. La « tomate-mozza » s’est imposée en vingt ans. comme l’entrée favorite des Français. Un plat fraîcheur nature, authentique et qui sent bon l’Italie. Sauf que la  mozzarella que nous avalons est aux trois quarts un fromage industriel mondialisé, le deuxième fromage le plus vendu dons le monde après le cheddar.

Cette mozza est juste un ersatz du fromage artisanal haut de gamme produit selon une recette ancestrale, sous AOP dons la région de Naples. par un troupeau limité a 1800 bufflonnes.
En fait,
la mozzarelle tradi pèse moins de 40 000 tonnes sur les 3 millions produites chaque année sur la planète. Une goutte de lait…

Pour pouvoir en fabriquer autant, les industriels ont eu l’idée de remplacer le lait de bufflonne par du banal lait de vache, de trois à quatre fois meilleur marché. Et pas du lait frais comme celui  utilisé pour la mozzarella di Bufala, mais du caillé réfrigéré ou congelé transbahuté depuis la Lituanie, où il coûte deux fois moins cher. Ou, option plus radicale, de la poudre de lait déstockée au moment optimal en fonction des cours de la Bourse…

Ni vu ni  connu, puisque la réglementation n’impose pas d’indiquer sur l’étiquette l’origine du laid  utilisé,  seulement  le pays où ladite  mozza  a  été  usinée. Non seulement ce n’est pas le même lait et il n’a rien de frais, mais en prime la  recette a été fortement revue. Pour sauter l’étape  de la fermentation, les ferments  lactiques sont remplacés par de l’acide citrique, qui nécessite le recours à un correcteur d’acidité pour adoucir le goût. Et, comme ça donne une saveur fadasse, on ajoute du sel à gogo. Sans oublier les conservateurs pour allonger la date de péremption, jusqu’à deux à trois semaines, contre trois jours en moyenne, pour la mozzarelle artisanale.

Achetée par le restaurateur entre 5 et 7 euros le kilo, le plus souvent sous forme de bûches surgelées à trancher, la mozzarella industrielle servie sur un lit de tomate génère une marge moyenne de 18%. Même franc succès sur les pizzas, dont les français sont les plus grands consommateurs du monde derrière les Américains : 70% des tranches de mozzarelle utilisées en garniture ne proviennent pas d’Italie mais de … Loire-Atlantique. A Herbignac, Agrial, l’une des plus grosses coopératives laitières françaises (2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires), fait tourner la deuxième usine de production de mozzarelle la plus importante d’Europe, avec 40 000 tonnes par an. Et ce sera double dans deux ans.
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Le Canard Enchaîné du 22 août 2018

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UFC Que Choisir du Doubs

19 septembre 2018

Un moindre recours aux pesticides augmente les revenus des agriculteurs

C’est ce que démontre Vincent Bretagnolle, écologue au Centre d’études biologiques de Chizé (CNRS/Université de La Rochelle/Inra). Sur la zone-atelier Plaine et Val de Sèvres il y étudie depuis 25 ans les alternatives à l’agriculture intensive sur 450 kilomètres carrés. Il parle de ses résultats dans un article de CNRS Le journal intitulé « Quand le productivisme nuit à l’agriculture.

Extraits :

Le modèle agricole productiviste est en bout de course. Il dégrade l’environnement et la biodiversité, a des conséquences délétères sur la santé humaine – au premier chef, sur celle des agriculteurs –, et n’est plus viable économiquement puisqu’on assiste à la baisse continue des revenus des mêmes agriculteurs.

À Chizé, nous avons décidé d’explorer la piste de l’agroécologie, une agriculture durable qui utilise les ressources de la nature pour se développer. [ … ] en conditions réelles, grâce à la participation des agriculteurs : près de 200 exploitations …

C’est une série d’études que nous avons démarrées suite au plan Écophyto, lancé dans la foulée du Grenelle de l’environnement de 2007. [ … ]  Nous nous sommes donc posé la question : est-ce qu’il est techniquement possible de réduire de 50 % le recours aux pesticides, et avec quelles conséquences sur les rendements agricoles et les revenus des agriculteurs, mais aussi sur la biodiversité ?

Plusieurs expérimentations ont été menées. L’une d’entre elles, conduite sur 56 parcelles au total … sur la culture du blé, sur une période d’une année – le temps d’un cycle complet, donc. Les résultats obtenus sont spectaculaires : réduire l’apport d’herbicides et d’engrais azotés de 30 à 50 % lorsqu’ils sont utilisés massivement n’a aucun effet sur les rendements, qui restent stables. En clair, on continue de produire autant en réduisant de moitié ou presque les doses de produits utilisés. La conséquence de cela, c’est que les revenus des agriculteurs augmentent significativement, car ils ont acheté moins de produits phytosanitaires mais aussi moins de gasoil pour les disperser : ces gains atteignent jusqu’à 200 euros l’hectare pour certains agriculteurs. Ces résultats ont depuis été confirmés par des études plus longues – sur une période de cinq ans – menées sur le blé mais aussi sur le colza, le maïs et le tournesol.  »

Ce que nous observons dans nos études est en effet contradictoire avec les résultats obtenus par les fabricants de produits phytosanitaires ou certains instituts techniques. [ … ]  Ils testent leurs produits sur de petites surfaces hyper-contrôlées, dans des conditions optimales ; nous sommes en conditions réelles, à l’échelle d’un territoire, et faisons face à des facteurs extérieurs comme les aléas climatiques, l’hétérogénéité des sols, l’érosion de la biodiversité…
La réalité, c’est que les rendements agricoles n’augmentent plus depuis vingt ans, et ce malgré l’amélioration continue des variétés cultivées. On touche aux limites du modèle.

Ainsi, les études menées sur la zone de Chizé montrent que les abeilles jouent un rôle essentiel dans la production du colza et du tournesol, qu’on croit à tort pollinisés par la seule action du vent : les écarts de production sont de l’ordre de 30 % selon que les abeilles ont eu accès ou pas aux cultures, ce qui est considérable. [ … ] mais aussi pour les espèces animales qui permettent le contrôle biologique des ravageurs : des coléoptères comme les carabes, par exemple, sont des auxiliaires précieux des cultures, car ils consomment limaces, pucerons et graines d’adventices. Le problème, c’est que les populations d’insectes connaissent un déclin spectaculaire dans les campagnes : en 25 ans, les populations de carabes présentes sur la zone-atelier de Chizé ont diminué de 80 %. Dans le même temps, les effectifs d’oiseaux ont diminué d’un tiers sur la zone, en partie parce qu’ils ont moins d’insectes à manger, et en partie parce que les milieux refuges où ils nichent (prairies, arbres morts, murets…) se réduisent.

C’est le modèle entier qu’il faut changer, et on ne pourra pas le faire sans les agriculteurs.

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Il est prouvé par cette étude que l’agroécologie, ça marche !

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Que Choisir du Doubs

18 septembre 2018