UFC-QUE CHOISIR DU DOUBS - T.BELFORT

16,7% d’eau potable perdus dans le département du Doubs

16,7% d’eau potable perdus dans le département du Doubs

L’UFC-Que Choisir « Doubs-T.Belfort » se mobilise contre ‘’la fuite en avant !’’

Si l’UFC-Que Choisir n’a de cesse, année après année, de dénoncer la pression de l’agriculture intensive et de l’irrigation sur l’eau, tant en matière de quantité que de qualité (pollution), l’association épingle aujourd’hui un autre mal pour la préservation de la ressource : l’état des réseaux de canalisation.

Alors que le ministère de la Transition écologique indique que la majorité du territoire français subira probablement une nouvelle sécheresse cet été, l’UFC-Que Choisir Doubs-T.Belfort dénonce aujourd’hui ‘La fuite en avant ! ’’ pour alerter sur le niveau préoccupant des pertes d’eau potable. Cette précieuse ressource devant être plus que jamais économisée alors que notre climat change à un rythme accéléré, l’association demande aux pouvoirs publics de mettre en œuvre un véritable plan de rénovation des réseaux. Elle lance par ailleurs une action de sensibilisation de l’opinion publique.

L’impact de l’évolution climatique se fait désormais sentir de manière très concrète sur notre approvisionnement en eau. L’été dernier, le département du Doubs a été officiellement placé en situation de crise entrainant dans certaines zones un arrêt total de l’irrigation et des usages d’eau non prioritaires. De telles sécheresses seront inéluctablement amenées à se multiplier avec la diminution des précipitations prévues pour les prochaines décennies. Les climatologues et les hydrologues indiquent que la recharge des nappes phréatiques devrait baisser en moyenne de 10 % à 25 %1 Les débits moyens des fleuves pourraient être réduits de 10 % à 40 % sur l’ensemble de l’année. Quant aux débits estivaux des fleuves, ils pourraient être réduits de 30 % à 60 %…

Alors que le ministère de la Transition écologique considère que le risque de sécheresse est déjà très probable pour nos départements, l’UFC-Que Choisir Doubs-T.Belfort alerte sur le niveau alarmant des pertes d’eau potable qu’elle a relevé et la faiblesse des mesures prises pour y remédier.


1  Rapport Explore 70 du Bureau de Recherches Géologiques et Minières et Rapport d’information fait au nom de la délégation sénatoriale à la prospective sur l’adaptation de la France aux dérèglements climatiques à l’horizon 2050 – Sénat – Mai 2019


 

L’équivalent de la consommation de Besançon perdu chaque année dans le Doubs

Sur l’ensemble du département du Doubs, 16,7% de l’eau potable sont perdus à cause des fuites de canalisation2 – Malheureusement ce taux n’est pas connu pour le Territoire de Belfort, faute d’informations suffisantes communiquées par les collectivités. Si le taux de fuite du Doubs est inférieur à la moyenne nationale (19,9%, soit un litre sur 5 perdu), ces pertes représentent chaque année l’équivalent de la consommation en eau de la ville de Besançon. A noter que 25 % des communes (1 sur 4) ne donnant aucune information sur leur niveau de perte dans la base de donnée nationale, le niveau de pertes réel du département est probablement plus élevé que cette valeur. Les disparités entre les Unités de Gestion de l’Eau (UGE) du département sont importantes : en 2013, 40% des collectivités avaient un rendement excellent avec des fuites inférieures à 15%. A l’inverse, 20% des UGE avaient des pertes supérieures à 35%. En 2021, Grand Besançon Métropole fait partie des bons élèves avec un taux de fuites limité à 9,3%.

Dans le Jura et en Haute-Saône, la situation est plus préoccupante avec des fuites de respectivement 27% et 24%. Il est vrai que les données sont anciennes et que des travaux sur les réseaux ont dû améliorer la situation. En revanche, les agglomérations principales de ces deux départements font jeu égal (14% de fuites).

 

fuites (%)

 

fuites (%)

Doubs 2021

16.7

Jura 2015

27

Gd Besançon 2021

9,3

Gd Lons-le-Saunier 2020

14,81

 

 

 

 

Haute-Saône 2014

24

Grand Belfort 2012 (33) -2017 (13)

 

Vesoul 2018

14,3

 

 

L’agglomération de Belfort a conduit, sur cinq ans, un vaste chantier de réfection des réseaux d’eau potable. Cette opération, soutenue par l’agence de l’eau dans le cadre d’un contrat d’agglomération, a permis de faire passer le taux de fuite de 33 % en 2012 à 13 % en 2017.


2  Données annuelles des services 2021 – l’Observatoire National des Services Publics d’Eau et d’Assainissement – Juin 2023


 

Plan de rénovation des réseaux : une volonté politique en fuite

Les canalisations aux matériaux fragiles (fonte grise, PVC collé, amiante-ciment) représentent en effet plus de la moitié (55 %) du réseau français et une grande partie d’entre elles a déjà dépassé l’âge où elles auraient dû être remplacées. En 2019, les Assises de l’Eau ont fixé l’objectif de renouveler 1 % du réseau national par an. Mais dans le Doubs, 86 % des communes sont en-dessous de cet objectif national.

Avec la suppression totale en 2016 de l’aide en matière d’ingénierie apportée par les services de l’Etat (connaissance de l’état des réseaux, programmation des travaux, maîtrise d’ouvrage…), les communes sont désormais seules responsables de l’entretien des réseaux. Si les grandes et moyennes collectivités peuvent être en capacité de mobiliser les moyens humains et financiers pour assurer la gestion de leur réseau, tel n’est pas le cas des plus petites communes qui ont les plus grandes difficultés à connaître l’état de leur réseau ou à financer sa rénovation.

Quant aux aides financières, elles sont limitées par la faiblesse du budget de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et l’iniquité des contributions entre les différents acteurs. Alors que les utilisateurs de l’eau sont censés contribuer au financement en proportion des volumes qu’ils prélèvent dans le milieu naturel, l’agriculture ne contribue qu’à 3 % de la redevance prélèvement, alors que c’est l’essentiel des consommations nettes en été.

Dans le cadre du plan Eau, le Président de la République a bien évoqué le sujet des fuites d’eau, mais pour proposer des mesures dérisoires. Alors que les experts exigent 2,5 à 3 milliards annuels, le Président a annoncé 180 millions d’euros, ciblés sur les plus petites communes… , une goutte d’eau !

Dans un contexte de raréfaction manifeste de la ressource, il est plus que jamais indispensable et urgent de limiter les pertes d’eau potable. A cet effet, l’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics :

 •  Un renforcement des aides de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse aux collectivités prioritaires en termes de raréfaction de la ressource et de fuites ;

 • Une augmentation du budget de l’agence en faisant progresser les redevances prélèvement payées par les acteurs professionnels ;

 • Un meilleur appui technique du département aux petites communes ;

 • Des objectifs plus ambitieux en termes de taux de pertes autorisés et de connaissance de l’état des réseaux par les communes.
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Contact : Daniel Joly, référent Environnement daniel.joly55@orange.fr

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UFC Que Choisir du Doubs – T. Belfort

29 juin 2023