Quand l’UE favorise l’essor des controversées sociétés de recouvrement
UFC-Que Choisir vient de publier une étude sur les crédits à la consommation cette semaine. L’association pointe l’essor des crédits à la consommations impayés et leur rachat par des sociétés de recouvrements. Ces entreprises aux pratiques douteuses s’engouffrent dans le marché de la pauvreté avec délectation, tandis que la Commission européenne leur ouvre grand la porte.
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Alors que le chômage explose et que la crise économique est aux portes du pays, UFC-Que Choisir s’inquiète de la recrudescence des crédits à la consommation. Ils sont les prémices, pour certains ménages fragiles financièrement, du surendettement. Dans une étude parue le 28 janvier, l’Association de consommateurs alerte sur le rôle opaque tenu par les sociétés de recouvrement.
Le marché des crédits impayés est énorme : en 2020, il atteint 22 milliards d’euros en France (2,3% des crédits totaux), et représente un montant moyen de 1 700 euros par ménage concerné. Loin devant l’Espagne et l’Italie (14 milliards), et bien plus éloigné pour l’Allemagne (3,8 milliards). Fatalement, les banques se trouvent parfois confrontées à des débiteurs qui ne remboursent pas leurs crédits. Un manque à gagner pour ces établissements obligés de provisionner des fonds visant à anticiper les risques de non recouvrement. Environ 3 milliards “dorment” dans les comptes, et correspondent à des crédits dont le remboursement n’a pas été entamé depuis cinq ans.
Une situation qui inquiète l’Union européenne. En décembre, la Commission s’est saisie du sujet, proposant la création d’un réseau de structures de défaisance (“banques poubelles”) au niveau européen. Selon UFC-Que Choisir, cela reviendrait à ouvrir grand les vannes au développement des controversées sociétés de recouvrement.
Pour se libérer de ces créances « pourries », les établissements bancaires les revendent à ces entreprises spécialisées. Ces dernières les achètent à un prix fixé en moyenne à 20% du montant total prêté. Le consommateur lui n’est pas nécessairement informé de ce transfert, qui les livre à ces sociétés parfois peu soucieuses de la morale. Il s’agit d’un marché en plein envol : en 2017, le montant des dettes rachetées était de 350 millions d’euros. Il a atteint sept milliards en 2020 et pourrait dépasser les dix milliards en 2021.
Pour les sociétés de recouvrement, il s’agit d’une véritable aubaine et d’une poule aux œufs d’or : les entreprises du secteur estiment réaliser une marge moyenne de l’ordre de … 100 %. Un chiffre obtenu au prix de pratiques régulièrement pointées du doigt. Une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) réalisée en 2018, avait dévoilé que sur 64 sociétés de recouvrement de créances analysées, 40 % présentaient des anomalies. En cause, des pratiques commerciales douteuses faites de confusions juridiques sur les procédures employées.
Des agissements que l’UFC Que Choisir pointe également du doigt. Une analyse des 400 dossiers de plainte de consommateurs recueillis en 2020 (+15% en un an) stipule que 60% font état d’une stratégie opaque de la part des sociétés de recouvrement et 50% évoquent des méthodes agressives. Plus pernicieux, 14% des doléances concernent des crédits “fantômes”, à savoir, déjà honorés par le passé.
Les consommateurs seront rassurés, les sociétés de recouvrement ont conscience de ce problème et ont même rédigé un code de bonne conduite. On peut y lire la nécessité d’agir dans le respect des bonnes pratiques et de ne pas usurper l’identité d’autrui. Il est rassurant de savoir que des entreprises ayant besoin de préciser ce genre de choses agiront désormais avec l’aval de l’Union européenne.
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Article tiré du site Front Populaire
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